Rétonychie : ongle double qui pousse à l’envers

Les ongles doubles incarné qui poussent à l’envers, appelés rétronychies, sont une affection rare des ongles.

À moins de connaître le terme « rétonychie », il est difficile de trouver beaucoup d’informations en ligne concernant cette présentation clinique inhabituelle.

On en trouve beaucoup sur les ongles incarnés, plus courants, mais peu d’informations sur la rétonychie. Cet intéressant problème d’ongle incarné est souvent mal diagnostiqué et traité de manière inappropriée.

Alors, qu’est-ce que la rétronychie ?

On parle de rétronychie lorsqu’une nouvelle plaque d’ongle émergeant de la matrice pousse à l’envers, c’est-à-dire vers l’arrière plutôt que vers l’avant.

Bizarrement, une autre plaque d’ongle peut émerger à côté d’elle, ce qui fait que plusieurs plaques sont empilées les unes sur les autres.

On observe cette présentation plus fréquemment, mais pas lorsque la plaque pousse à l’envers (vers l’arrière) au point de provoquer une douleur et une inflammation. L’ongle ou les ongles poussent dans le pli proximal de l’ongle.

La pathologie ressemble à celle d’un ongle incarné normal, l’orteil s’infectant et un tissu de granulation surguérissant pouvant se développer (hypergranulation) dans les cas plus chroniques.

Comment un ongle pousse t-il à l’envers ?

La rétronychie est causée par une perturbation de la croissance de la plaque unguéale.

Le traumatisme est la principale cause étiologique, par exemple un impact direct sur l’orteil et la plaque unguéale ou des microtraumatismes répétés dus à des chaussures mal ajustées ou à des activités répétitives comme la danse et le jogging.

An savoir plus : Douleur d’ongle du gros orteil et chaussure : Quel rapport ?

Des patients souffrant d’affections systémiques, comme l’arthrite et la thrombophlébite, ont signalé des cas de rétronychie. Elle est plus fréquente chez les femmes et affecte principalement les gros orteils.

À la suite d’un traumatisme, le bord distal émergent s’arrête dans sa course et ne pousse pas vers l’avant. Pour compenser, une nouvelle plaque d’ongle se développe en dessous.

Cette nouvelle plaque d’ongle, soit elle pousse vers l’avant, soit se bloque également ou pousse à l’envers.

Finalement, le pli proximal de l’ongle peut se soulever, s’enflammer et s’irriter. Un traitement antibiotique ne résoudra pas ce problème.

Comment traite-t-on la rétonychie ?

L’ongle et les plaques unguéales doivent être retirés chirurgicalement pour éliminer la source d’irritation.

Une fois avulsé, le lit de l’ongle peut guérir et une nouvelle plaque unique est encouragée à pousser vers l’avant. Les risques de réapparition d’une retronychie sont faibles, mais la cause initiale doit être traitée.

Des microtraumatismes répétés sur un ongle d’orteil causent des dommages à la matrice et au lit de l’ongle.

La plaque unguéale peut s’épaissir (gryphotique) et se déformer. La plaque unguéale peut commencer à se soulever, se détacher du lit de l’ongle (onycholyse) ou s’incruster.

Les plaques unguéales peuvent être considérées comme dures, mais il s’agit en fait de structures assez délicates dont il faut prendre soin.

Un cas de rétronychie complète

Ce cas a été rapporté par le site « compleetfeet« . Il s’agit d’une patiente ( Patiente A) , une femme de 18 ans en bonne santé, s’est présentée avec deux gros ongles d’orteil douloureux et incarnés en mai 2021. Elle avait remarqué que ses orteils étaient enflés 6 à 8 semaines auparavant.

Son médecin généraliste lui a prescrit des antibiotiques, mais l’inflammation à proximité de la matrice de l’ongle n’a pas disparu.

Un prélèvement non concluant a été effectué, et la patiente A a fini par se rendre aux urgences en raison de la douleur et des saignements. On lui a conseillé de demander l’aide d’un podologue.

Le podologue a rapidement identifié une retronychie. Ce cas était devenu chronique avec une hypergranulation prononcée du tissu.

Il fallait opérer les ongles de toute urgence. Le patient A a été dûment inscrit et les ongles incriminés ont été retirés.

Quatre au total, soit deux par orteil ! La guérison sera rapide, mais il faudra 9 à 12 mois pour qu’une nouvelle plaque unguéale « normale » se développe complètement.

Conclusion

La patiente A est incapable de dire ce qui a causé sa rétonychie. Elle ne se souvient pas d’un traumatisme ou du port de chaussures mal ajustées.

Il serait intéressant de la revoir en clinique pour évaluer si elle a un problème biomécanique non identifié ?

Peut-être qu’elle bloque les gros orteils lorsqu’elle marche, qu’elle a un abaissement des arches médianes (pronation) ?

Cela pourrait provoquer une contrainte mécanique sur les plaques unguéales lorsqu’elle porte des chaussures ? Cela vaut la peine de vérifier.

En raison de la rareté du rétronychisme incarné, son état a été diagnostiqué à tort comme une infection paronychiale. Il s’agit d’une infection bactérienne à la base proximale de la plaque unguéale.

Les antibiotiques prescrits n’ont pas permis de résoudre ce problème, mais les compétences d’un podologue ont permis de le faire. La patiente A est maintenant beaucoup plus à l’aise.